Un bar gay désaffecté et abandonné sert de lieu de rencontre entre deux adolescents condamnées à cacher leur homosexualité.
Sensations & ressentis...
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Si j’ai choisi ce film, c’est parce qu’il est l’un des rares coréens qui traitent de l’homosexualité. Ce sujet reste chez eux énormément tabou si bien que même le cinéma n’y touche quasiment pas. Il est le deuxième (juste après Method) que je vois et, comme lors de ma première expérience, je me dis que c’est dommage que le genre reste peu représenté, car par deux fois je trouve que c’est un succès.
Night Flight est vraiment différent de Method, pourtant ils ont cette noirceur en commun, malgré de très belles scènes respectives. Lorsque j’évoquais mon visionnage avec une amie qui venait de le voir aussi elle a dit ceci : "Ce film n’est pas fait pour nous faire pleurer, pas là pour nous apitoyer, mais juste pour nous dire : regardez, c’est ça la réalité et elle fait mal." Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse et c’est parce que je n’aurais pas pu trouver meilleurs mots que je vous rapporte les siens.
Ce film ne cherche pas à provoquer l’émotion. Pas celle qui émeut et conduit aux larmes en tout cas. Il préfère lever ses deux petits points en l’air pour dénoncer le poids de la pression de toute une société sur les homosexuels. Il se positionne et il assume. Il cherche à éveiller les consciences, même s’il se doit d’être très dur (mais pourtant au combien fidèle à une réalité gerbante) pour cela. Donc oui, ce n’est pas un conte de fées. Attendez-vous clairement à prendre une gifle, mais que tout à chacun mérite de recevoir pour que ce genre d’histoires n’existe plus à l’avenir (que j’espère le plus proche possible).
Pour s’exprimer, Night Flight met en scène deux personnages : Yong-joo et Ki-woong. Amis depuis l’enfance, leur route s’est scindée par la force des choses. Yong-joo est le fils parfait, excellent dans les études, tandis que Ki-woong brisé par une famille meurtrie part à la dérive. Le premier, secrètement amoureux du second, décide alors de tout tenter pour le ramener sur le droit chemin.
À travers Yong-joo, on nous propose l’image d’un jeune homme qui assume ce qu’il est, mais qui intelligemment veillait à le cacher pour "survivre" ne s’ouvrant qu’à ceux uniquement aptes à le comprendre. Il est le personnage qui m’a le plus bouleversée tant il s’est oublié lui-même au cœur de l’amour qu’il portait à son ami. L’interprétation sincère et puissante de Kwak Si-yang est certainement ce qui, tout du long, m’a le plus frappée au cœur. Qu’il s’agisse de ses sourires si précieux (car très rares) ou de sa peine, tout dans son rendu était intense et parfait. En face Ki-woong est de ceux qui s’ignorent, qui picorent, qui se rassurent en regagnant la chaleur de bras féminins. De ceux pour qui le poids de ce qu’ils sont est impossible à porter. Il ne m’aura pas déçue tant il aura été crétin, tant c’était prévisible. Par contre, il m’aura surprise, explosant en dehors de sa coquille soudainement lors d’une scène des plus tristes, mais des plus fortes. L’acteur Lee Jae-joon se métamorphose alors et je crois bien avoir pris un uppercut en même temps que quelques abrutis qu’il côtoyait.
Deux personnalités, deux garçons, deux destins qui s’entrechoquent, deux acteurs percutants pour une fin poignante de réalité. Y a-t-il une limite à ce que l’amour nous permet d’encaisser ? Cette fin y répond avec tact, nous laissant au besoin le droit d’y croire. Malgré tout, c’est le cœur plombé qu’on accueille le générique de fin.
Pour conclure, il y a dans ce film une prise de position, une dénonciation, que j’ai adoré découvrir dans une œuvre coréenne. S’il pouvait ouvrir des portes… Je le conseille, car il est bon de prendre une petite piqûre de rappel sur le mal que peut faire la connerie humaine. Vraiment, ne passez pas à côté !