Titre original :그냥 사랑하는 사이 (Geunyang Saranghaneun Sai) Thème : Héritage du passé, Quête de vérité, Reconstruction de soi, Romance Genre : Drame, Romance Nombre d'épisodes : 16 Durée d'un épisode : 65 minutes Année de diffusion : 2017/2018
Lee Gang-doo rêvait de devenir footballer professionnel mais un accident l'en a empêché : il a eu la jambe brisée et son père est mort. Sans plus d'ambition, Gang-doo gaspille ses journées à ne rien faire. Il fait alors la rencontre de Ha Moon-soo, qui culpabilise d'avoir survécu à l'accident qui a tué un membre de sa famille.
Sensations & ressentis...
MOON font>
Me revoilà pour une nouvelle chronique. Ici, arrive mon retour sur Just Between Lovers. Ce drama avait failli me faire renoncer à mon principe de base : toujours attendre la fin de la diffusion coréenne pour attaquer un visionnage. Son synopsis m’avait interpellée et, sur le coup, j’ai vraiment manqué de craquer. Pourtant, j’ai tenu bon et, sur un coup de tête, j’ai décidé de le regarder après avoir dévoré quelques webdramas plutôt légers. J’étais prête à reprendre un projet plus long et surtout plus consistant.
Pour mieux comprendre l’analyse qui va suivre, je dois commencer par vous expliquer une chose. La trame de Just Between Lovers s’inspire d’une immense catastrophe ayant frappé la Corée du Sud en 1995. Plus de 20 ans après, ce drama revient sur l’effondrement du grand magasin Sampoong qui fit 502 morts et 937 blessés, le pire bilan humain que connut le pays en temps de paix. Ce drama, ce n’est donc pas uniquement une histoire parmi tant d’autres. Je l’ai aussi vécu comme un hommage et un rappel de ce que le pays ne peut (et ne doit) pas oublier. Maintenant, c’est parti pour ma chronique.
Je pense que vous l’avez déjà compris, derrière son titre que l’on pourrait croire romantique, se cache une complexité et une profondeur importante. Oui, les scénaristes auraient pu se contenter d’une romance simplissime sur fond de passé douloureux. Mais ils ont été bien plus loin que ça. Just Between Lovers (que j’abrégerai en JBL à l’avenir pour aller plus vite) ne se contente pas de se centrer sur un couple à unir, sur le destin d’êtres brisés par une catastrophe sans pareil. Non, le drama va bien plus loin, il pointe du doigt, il instruit. Au travers de ses personnages, il fait passer bon nombre de messages. L’un des plus marquants et des plus représentés au travers de multiples situations est retranscrit avec justesse dans l’une des lignes de dialogue du lead male Gang-doo : Les victimes ce n’est pas uniquement les morts (comme la presse et les officiels se plaisent à le croire), c’est aussi les survivants et les proches de tout ce petit monde. Lorsque l’on est survivant, ce qui s’ancre en nous, ce n’est pas le sentiment de chance. Non. Notre premier réflexe n’est pas de se considérer chanceux d’être encore là. Bien au contraire, une part immense en nous culpabilise justement d’être en vie. JBL c’est ça. C’est l’histoire de personnes qui tentent tant bien que mal de survivre avec le poids d’une culpabilité (irrépressible et irraisonnée) leur vrillant les épaules. C’est l’histoire d’êtres qui devaient se trouver, se parler, se comprendre, s’accepter et se pardonner pour arrêter de se contenter de survivre et pour enfin commencer à vivre. Mais encore une fois ce n'est pas tout. Discrètement JBL dénonce la corruption (bien trop présente dans les hautes sphères), le jugement facile et hâtif de tout un peuple sur le clampin en bas de l'échelle, ce bouc émissaire choisit parmi les faibles et détruit pour la façade. Parce qu’il faut un coupable pour sauver les fesses des vrais responsables.
Je dois le reconnaître, ce drama est une bombe à mes yeux. Il est de tous ceux que j’ai pu voir, le premier qui n’exploite pas les clichés, sortant des sentiers battus confortables et rassurants, pour proposer une histoire unique. Oui, son scénario est un vrai petit bijou ! Rien n'y est oublié, tout s’y trouve lié. Les auteurs ont fait un boulot excellent. Toutes les questions trouvent progressivement leurs réponses et il propose une fin en deux actes qui m’a réellement eue par surprise. C’était un final original, à la fois triste, intense et mignon à souhait. Je l’ai adoré même si dans un premier temps j’ai eu envie de mourir sous le poids de mon cœur fendu par la douleur. (Il est difficile d’être plus explicite sans prendre le risque de spoiler. Pardonnez-moi donc de ne pas aller plus loin.) Cependant, car oui, même dans le meilleur on peut trouver une faille, l’un des points de trame souffre d’une mauvaise gestion. En effet, dans la seconde partie du drama, Jae-young (la sœur de Gang-doo) véhicule une intrigue médicale que l’on voit venir de loin. Mais pour moi, même si l’on sait que parfois la médecine peut mettre du temps à obtenir certains résultats, ici, c’est trop. Le personnage concerné est prévenu trop tard, son entourage pourtant prêt à agir ne tient pas les promesses faites et laisse traîner la nouvelle plus que de raison. Tout ça alors qu’un trop plein d’indices a été semé, rendant l’annonce évidente, frustrant son spectateur plus qu’elle ne l’inquiète tant ce dernier désire qu’enfin les mots soient dits. Mais le plus grand génie de ces auteurs, c’est très certainement les personnages et leur développement (tant concernant leur vécu que leur psychologie). Chaque personnage qu’ils prennent la peine de mettre en avant, qu'il soit lead, secondaire ou même secondaire secondaire a son importance à un moment ou un autre. JBL ne s’encombre pas d’inutile, il ne meuble pas. Qui est là posera son empreinte indélébile dans le cœur des spectateurs. Obligatoirement. C’était la première fois que je rencontrais un drama exploitant autant l’ensemble de ses personnages, et ce, jusqu’au plus profond de leurs âmes. Rien n’était laissé de côté, rien n’était offert au hasard. Leur vie, leurs liens, leurs histoires... tout est abordé et c’est probablement ce traitement soigneux, et inédit à mes yeux, qui m’a le plus séduite. Et pour appuyer ce travail pointilleux, on a des lignes de dialogues magnifiques, ou chaque mot (ça se sent) a été choisi avec soin et sens. Parfois poétique, souvent déchirant, tout le temps pénétrant. Mais le must, c'est l'appui qu'elles reçoivent à travers l'interprétation. Le spectateur reçoit en pleine face des leçons de vie et le jeu des acteurs est si sincère et si fort qu’il les grave en lui avec une force incroyable, qui le marque sans que ce dernier n’y puisse rien. Là, discrètement, les OST s’invitent, ramenant leur fraise avec toute leur douceur mélancolique, histoire de retourner tout le monde une bonne fois pour toutes. (Je reviendrai sur les OST sur la page dédiée, quant aux acteurs, ils auront un paragraphe complet rien que pour eux un peu plus bas.)
Face à toute cette qualité, la réalisation et le montage s’en sortent très bien. Les plus difficiles pourraient reprocher un petit manque de rythme, car parfois certaines choses sont abordées lentement. À ces gens-là, je voudrais rappeler avec quelles minutie et perfection la trame et les personnages sont travaillés, offrant un projet unique en son genre, justifiant ce besoin de langueur, rendant nécessaire cette avancée pas à pas pour obtenir cette évolution soignée. Pour ma part, je n’en ai absolument pas souffert, au contraire. Avec un rythme plus soutenu, le rendu aurait je pense manqué de cette profondeur que j’aime tant. Le montage de son côté avait beaucoup à gérer entre flash-back et souvenirs plus anciens. Il a su trouver l’équilibre qui ne rend pas le tout répétitif, lourd et lassant. Souvent, je le trouvais même poignant tant il tombait à pic...
Voilà qu’est venu le moment pour moi de dire un mot sur les personnages. Et là, je suis vraiment embêtée... Comment parler de l’un sans évoquer tous les autres, comment est-ce possible ? C’est bien la première fois que je ne peux pas trancher nettement sur qui m’a été essentiel ou pas. Comme je le disais plus haut, tous ont un rôle d’importance à leur façon. Tous mériteraient que je les évoque, que j’en fasse les louanges... Je vais donc aborder les cinq qui m’ont le plus marquée (même si mon cœur proteste déjà, criant à l’injustice, frustré de ne pouvoir s’exprimer sur la globalité). Il me faut commencer par les deux personnages principaux : Gang-doo et Moon-soo. Leur combat est totalement différent même s’il puise ses sources dans le même évènement. Là où l’un se souvient et se bat contre son traumatisme, l’autre a tout oublié ou presque et souffre de ne pas se souvenir. Comme je me dois d’être objective, je dirais qu’il est très vite clair que Gang-doo, le lead male, est le personnage central niveau importance, qu’il est celui qui fait le lien entre tous ou presque. Il est le plus fouillé, le plus complexe, mais ça rend justement les autres intéressants, car sans eux il ne serait pas ce qu'il est et n'aurait pas l’évolution qu'il a. Je l’ai adoré. Il m’a fait rire et pleurer sans relâche, me baladant d’une émotion à une autre. Bourru, insensible et fort de prime abord, on découvre très vite des failles béantes dans sa carapace qui le rendent énigmatique, captivant et ultra attachant. En face de lui, Moon-soo, notre héroïne, s’en sort comme une chef. Elle n’est pas gnangnan comme a tendance à l’être la majorité des femmes dans les dramas. Forte pour deux quand cela était nécessaire, elle a tout de même une certaine fragilité. Ce mélange créé un ciment puissant dans sa relation avec Gang-doo. Autre chose qui m’a plu, c’est qu’elle n’hésite pas face à ses sentiments. Je l’ai appréciée pour sa fidélité et sa capacité à encaisser. Cependant, dans les épisodes 14 et 15, elle a montré une facette un peu égoïste et blessante, au travers de reproches et sous couvert de remords et de culpabilité, que j’ai trouvé totalement déplacée. Elle qui auparavant avait fait preuve de jugement, de justesse et de prises de position m’a plongée dans l’incompréhension le temps de ses deux heures et demie de visionnage et m’a un peu déçue. Ensemble, Gang-doo et Moon-soo forment un duo à l’alchimie parfaite et saisissante, même si l’histoire nous fait douter sans cesse quant à l’issu de leur vie. S’ils se trouvent, s'accrochent l’un à l’autre pour s'en sortir, se rejettent quand ils ont peur de s'enfoncer au risque de se briser, se battent pour leur « couple », pour la vie, pour ne plus survivre mais vivre, à aucun moment on ne parvient à avoir la certitude qu’ils vont y parvenir. Il y a tellement de cassures...
Viennent ensuite Grand-mère et Sang-man. Ils ont une importance similaire dans la vie de Gang-doo et font apparaître chez lui la facette de sa personnalité que je préfère : celle du sentimental protecteur, qui cache ça derrière un peu de mauvaise foi mordante. Grand-mère, qui est aussi forte tête que lui, nous offre en sa présence des échanges magiques (souvent drôles et touchants) très lourd de sens qui impactent souvent assez fortement Gang-doo. De façon imagée, je dirais qu’elle est le carburant de l’évolution de notre petit lead. Sang-man, lui, est un peu simplet et attachant. D’ailleurs sous couvert de cette différence, il balance souvent des bombes verbales à Gang-doo qui passent crème uniquement parce que c’est lui. Un autre aurait reçu une mandale en retour, sans équivoque. Leur relation fraternelle est adorable et très émouvante (surtout sur le tiers final du drama). En dernier lieu, je ne pouvais pas passer à côté de Joo-won, le second lead. C’est un personnage torturé de bien des façons que j’ai apprécié de par son intégrité. Je l’ai également trouvé remarquable dans sa façon de gérer sa relation avec Moon-soo. Il est respectueux et altruiste, même si à certains moments j’aurais aimé qu’il ait un peu plus de mordant. On s’attache à lui, car il se fait un trou de taille pour un second lead.
Enfin ! J’ai cru que je n’arriverais jamais à parvenir jusqu’ici, jusqu’au moment de vous présenter les acteurs. J’avais tellement à dire... Et encore je me suis réprimée, croyez-moi. Autant dire que chaque épisode recèle de sa petite pépite d’interprétation. Il ne s’en passe pas un sans que l’on ait une scène (voire plusieurs) bouleversante. Du quatuor (lead/second lead), je ne connaissais que Kang Han-na pour l’avoir croisée dans Moon Lovers. Niveau casting donc, c’était une découverte quasi totale. Avant d’entrer dans les détails, il faut savoir que les deux acteurs principaux tenaient là leur premier lead rôle dans un drama. Pour l’héroïne, c’était d’ailleurs son premier drama tout court. Je pense que la mesure de mes mots à venir n’en sera que plus grande. Je vais commencer par vous parler de Lee Junho (du groupe de Kpop 2PM), qui prête ses traits à Gang-doo. L'acteur est tout simplement magnifique (dans son jeu, je ne parle pas du physique, même si j’aurais probablement pu utiliser le même adjectif dans ce cas de figure). Il propose une multitude d’expressions qui en disent bien plus long que des paroles. Plusieurs fois, j’ai pleuré face à ses scènes. C’était la première fois que j’étais autant chamboulée par la prestation d'un acteur et non pas uniquement à cause de la trame qu’il mettait en scène. Parfois, ses regards ou encore le timbre de sa voix étaient totalement bouleversants d’intensité et de sincérité. La qualité de son jeu, son talent en somme, est indéniable. C’est un coup de cœur immense et j’ai hâte de le voir dans d’autres de ses rôles afin de me régaler à nouveau. Face à lui, Won Jin-ah (Moon-soon) se défend très très bien. Elle ne se laisse pas effacer par ce mec que je trouve monumental et elle offre également des scènes frappantes. Il émane d’elle une douceur et une grâce que j’ai adorées, surtout lorsqu’elle devait tenir tête et avoir un comportement un peu contradictoire. C’est une actrice qui me laisse un excellent sentiment et que j’aimerais voir dans un autre rôle à l’avenir pour peaufiner mon ressenti. Comme lors de notre première rencontre dans Moon Lovers, Kang Han-na (Yoo-Jin) ne s’est pas démarquée à mes yeux, même si je l’ai peut-être un peu plus appréciée ici. Lee Ki-woo (Joo-Won) est un géant (sans rire, il mesure 1m90 !). C’est la première chose qui m’a sauté aux yeux. D’ailleurs, j’ai trouvé que parfois, il donnait la sensation de ne pas trop savoir quoi faire de sa grande carcasse et c’est ce qui m’a laissée un poil en retrait vis-à-vis de lui. Pour autant, j’ai aimé son jeu sans qu’il me transcende. J’ai aussi apprécié découvrir Na Moon-hee (Grand-mère). C’est une vieille femme à l’œil pétillant qui a su apporter une profondeur appréciable à son personnage. Elle vaut le détour. Il me faut également noter mes retrouvailles avec Kim Gang-hyun (Sang-Man) que j’adore, car à chaque fois il a des rôles hyper attachants et marrants. On commence à être de bons habitués après My Love From The Stars, Doctors, Cinderella and Four Knights et The Legend of the Blue Sea. Et pour finir, on notera le petit rôle de Kim Min-Kyu (vu pour moi dans Meloholic et Because this is my First Life). Il a des mimiques qui me font toujours sourire.
Outch ! Quand je regarde en arrière, je tiens à vous féliciter si vous arrivez à ce stade en ayant tout lu. Ce drama m’a tellement retournée, que j’avais un énorme besoin d’en parler pour expulser. Mais est maintenant venu le temps de conclure. Je dirais donc que JBL est un véritable coup de cœur intégral. Je n’ai pas aimé qu’une chose ici et là, j’ai tout aimé. C’est une magnifique histoire, très humaine, pleine de sensibilité dans laquelle la profondeur des blessures est rapportée avec une douceur tellement percutante qu’elle en est presque paralysante. La trame, son traitement et sa mise en scène valent le coup qu'on s’y plonge. Et ça, c'est sans évoquer les personnages et, plus délicieux encore, le jeu des acteurs ! Bref, je le répète, je tiens là l’un de mes plus gros coups de cœur drama, si ce n’est LE plus gros. Lancez-vous. Persévérez, car vous ne pourrez pas ne pas y trouver votre compte !